Methods & Techniques

Bonnes pratiques zéro pesticide dans les communes

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Chapitre I - Pourquoi > Lesquels > Qui > Comment

Chapitre II - Méthodes préventives

Chapitre III - Techniques alternatives de désherbage et de gestion des espaces

Chapitre IV - Communication et sensibilisation

Chapitre V - Le coût financier

Chapitre I - Pourquoi > Lesquels > Qui > Comment

Histoires & Principes #1
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Pourquoi des espaces publics zéro pesticide ?

Des avantages de rentrer dans une démarche zéro pesticide :

  • L'environnement : réduction des pollutions (air, sol, eau). En effet, l’utilisation d’herbicides dans les zones urbaines, et plus particulièrement sur les surfaces imperméables, est une source importante de pollution de l’eau qui représente un coût important pour les collectivités ;
  • La biodiversité : protection des insectes pollinisateurs et autres insectes bénéfiques, des microorganismes du sol, des oiseaux, des batraciens, des animaux domestiques ;
  • Les citoyens : protection des groupes les plus fragiles, amélioration de la qualité de vie des habitants et des utilisateurs de la ville et de ses espaces publics ;
  • Les travailleurs communaux dans les parcs et les espaces publics : protection de la santé à court et long terme grâce à la diminution de l'exposition professionnelle.

L’abandon des pesticides dans les villes est une question de bon sens. D'autant qu'il permet la croissance spontanée d’organismes végétaux. L'idée de laisser quelques plantes sauvages pousser sur la chaussée, le long des trottoirs et dans les cimetières fait progressivement son chemin dans les mentalités. Il est à espérer qu'un jour, nous verrons une vraie nature se développer dans les villes.

 

Rachel Carson, auteure de Printemps silencieux, 1962

« Plus j’en savais sur l’utilisation des pesticides, plus j’étais horrifiée. Je me suis rendu compte qu’il y avait là de quoi écrire un livre. Ce que j’ai découvert, c’est que tout ce qui comptait le plus pour moi en tant que naturaliste était menacé et que je ne pouvais rien faire de plus important. »

Histoires & Principes #2
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Qui est responsable de la mise en place d'une démarche zéro pesticide dans les communes ?

Si nous voulons aller au-delà d'un simple greenwashing, les démarches, afin de devenir une commune zéro pesticide impliquent que tous les acteurs de la société s'unissent dans un effort commun, en ce compris les citoyens, les associations sportives et les régions. Cependant, il est impératif que les décideurs politiques et les législateurs prennent les devants. Car c'est en ouvrant la voie que les autres suivront.

Photo © Courtesy of Martin Dermine

 

Vous trouverez dans ce document de nombreux exemples concrets de villes, des recommandations utiles, ainsi que des pistes sur la manière dont les acteurs de terrain peuvent prêter main-forte durant la transition vers une commune zéro pesticide. Vous pouvez également regarder les vidéos de notre colloque pour découvrir ce qui ce fait déjà partout en Europe.

 

À tous les responsables politiques dans toutes les villes européennes qui ont une vision d'avenir pour une vie urbaine affranchie de pesticides :

« Nous, petites, moyennes et grandes communes et villes d'Europe, avons une responsabilité vis-à-vis de nos enfants et petits-enfants et ce, dans beaucoup de domaines. Un de ces domaines est un monde sans pesticide.  Cela peut sembler être une déclaration fracassante, mais en réalité, renoncer aux pesticides requiert un courage politique et budgétaire somme toute très relatif. 

Nous, commune de Haaren, dans la province du Brabant-Septentrional aux Pays-Bas, en sommes la preuve depuis plusieurs années. Nous ne sommes que 14 000 habitants, répartis sur un très grand territoire. Nous avons beaucoup d'agriculteurs, une industrie arboricole florissante et quatre petits villages qui forment notre commune.

Nos habitants ont toujours été proches de la terre, mais pendant longtemps nous n'avons fait aucun effort pour réfléchir à l'environnement et à un avenir durable.

Alors, nous avons choisi de nous fixer un objectif. Un objectif simple. Simple à communiquer, simple à contrôler. Une gestion sans pesticide des espaces publics ; une gestion sans pesticide de tous nos terrains de sport, espaces verts et autres.

En d'autres termes, une commune zéro pesticide pour nos citoyens, leurs enfants et leurs petits-enfants ; aujourd'hui et pour l'avenir.  

Notre objectif s'est ainsi transformé en défi, d'abord pour l'industrie et les laboratoires de notre communes ; ensuite pour les utilisateurs des terrains de sport, les responsables des clubs et enfin pour notre propre personnel d'entretien.

Nous avons clairement déterminé que la date butoir serait le 1er janvier 2015, et que cette date NE bougerait PAS, contre vents et marées. Non pas parce que nous le souhaitions en tant que politiciens et gestionnaires publics, MAIS bien parce que nous le souhaitions collectivement, à savoir chacun des 14 000 habitants de notre commune.

Les laboratoires se sont attelés à la tâche, tout comme les groupes de travail et les nombreux volontaires. Chacun cherchait des alternatives aux pesticides, soit en changeant les procédures de maintenance, soit en utilisant des méthodes naturelles pour contrôler la croissance des plantes indésirables, et ainsi de suite. 

En tant que responsable de ce choix politique, ma “seule” tâche a été de convaincre mes administrés de l'opportunité que nous avions de pouvoir réellement faire la différence pour notre futur. C'était facile. J'ai dû me déplacer une cinquantaine de fois ; c'est bien peu de chose. Quelque chose était en train de bouillonner, quelque chose était en train de grandir… La population a commencé à saisir l'utilité de ce défi. 

J'ai souvent utilisé les paroles d'une chanson de Peter Gabriel lors de mes discours, afin de motiver les gens et de les rallier à notre vision. 

“you can blow out a candle but you can’t blow
out a fire; once the flames begin to catch,
the wind will blow them higher.” 

Nous y sommes arrivés, et ce, six mois plus tôt que prévu. »

Contact : Eric van den Dungen - vandendungen@home.nl - +31653144157

Histoires & Principes #3
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Quelles sont les étapes à suivre pour devenir une commune zéro pesticide ?

Les étapes principales sont les suivantes :

  • Planifier la période de transition ;
  • Réunir les différents interlocuteurs autour de la table ;
  • Communiquer avant d'agir ;
  • Inventorier tous les sites ;
  • Procéder par étape.

Planifier la période de transition

L'administration publique doit prendre les devants de la transition. Il est utile qu'elle rédige des documents à destination des ses administrations locales (directives, idées, pistes...) Elle doit aussi inviter ses partenaires, principalement les jardiniers, à donner des conseils techniques durant cette période transitoire.

Bon nombre de gouvernements régionaux et nationaux mettent déjà la main à la pâte, ainsi :

En Flandre :

  • L'Agence flamande pour l'environnement (VNW) a mis sur pied une campagne « zonder is gezonder » afin d'encourager les bonnes habitudes et les progrès continus.
  • L'association sans but lucratif Vereniging voor openbaar groen (VVOG) joue un rôle central auprès des municipalités dans la mise en place de la transition zéro pesticide. Pour ce faire, elle organise des événements de réseautage, des visites d'études, des conférences, des formations et beaucoup d'autres activités.
  • Une autre organisation qui joue un rôle important dans l'enseignement de la gestion zéro pesticide est Inverde.

En Wallonie :

  • Le Service Public de Wallonie (SPW) a lancé une campagne afin de susciter le changement. Par exemple, elle a développé un certain nombre de recommandations et de niveaux de tolérance dans la gestion des mauvaises herbes.
  • Le Pôle de gestion différenciée a rédigé un guide, qui est une très bonne source d'inspiration.
  • Adalia est une association sans but lucratif qui communique auprès du grand public sur les défis que représente une transition zéro pesticide en créant des courts métrages.

Il y a aussi FEREFEC Bretagne, un guide des alternatives au désherbage chimique dans les communes. Ce guide explique également les stratégies de changement, la communication et il énumère les avantages et inconvénients de tous les types de désherbage ainsi que leur coût.

 

Certains parcs et sites naturels de Bruxelles sont gérés par Bruxelles Environnement

Bruxelles Environnement, l'administration régionale de Bruxelles, gère 2210 hectares de terrains, dont 400 ha de parcs, 1685 ha de forêts et 125 ha de réserves naturelles (Source : Rapport sur l'état de l'environnement, 2001). Cela ne représente pas moins de 80 % des parcs, jardins et forêts accessibles au public dans la région de Bruxelles-Capitale (2779 ha). Ces vingt dernières années, ces zones ont été gérées selon une approche différenciée et respectueuse de l'environnement afin qu'elles puissent être utilisées parallèlement pour des objectifs environnementaux, esthétiques, pédagogiques, récréatifs et sociaux.

Beaucoup d'espaces verts sont équipés de chemins pour les piétons et les cyclistes, des aires de jeux et de bancs pour permettre aux usagers de se reposer. Une méthode plus écologique de la gestion de l'espace est à privilégier là où la nature peut s'épanouir sans l'usage de pesticides. Cette méthode est favorable aux fleurs sauvages, aux bassins naturels, aux zones boisées plus sauvages ainsi qu'aux refuges pour différents types d'animaux. Tout ceci renforce la biodiversité.

Dans certains espaces verts du centre de la ville, cette approche « naturelle » ne peut être mise en place. Une approche plus « horticole » sera privilégiée dans les petits parcs, ces lieux hautement populaires de socialisation, et dans les parcs patrimoniaux du centre qui attire les touristes en raison de leur historicité. Une équipe technique de quatre-vingts personnes s'emploie à éviter l'usage des pesticides.  Les nombreuses aires de jeux gérées par Bruxelles Environnement sont également zéro pesticide. Cette philosophie a été mise en place bien avant la Réglementation sur les pesticides, qui a officiellement interdit l'usage de ces produits dans un périmètre de 10 m autour de ces aires de jeux qui sont souvent fréquentées par des groupes vulnérables.

Les 2000 sites, réserves naturelles et forêts Natura 2000 (qui font l'objet de mesures de protection spécifiques pour des raisons de conservation naturelle) sont gérées depuis longtemps sans pesticide. Cette interdiction a été formalisée dans la Régulation Nature du 1er mars 2012 et réaffirmée par la Réglementation sur les pesticides du 20 juin 2013.

Vingt ans de gestion écologique… S Kempeneers

Comment communiquer auprès des citoyens ?

Beaucoup de municipalités utilisent leur page d'accueil sur le site internet de leur commune. Parmi elles :

  • La commune d'Eupen en Belgique explique clairement les bénéfices sur la santé publique et sur l'environnement d'un politique zéro pesticide. De plus, elle détaille les alternatives bénéfiques qui existent déjà ;
  • La ville de Rennes, en France, fait de même (voir les photos illustrant les effets négatifs des herbicides);
  • La ville de Strasbourg est passée au zéro pesticide depuis 2008. De nombreux conseils pour la transition sont disponibles sur le site ;
  • De nombreuses communes de Flandre comme Poperinge, Knokke-Heist, Assenede, Kampenhout, Anzegem, Termonde, Evergem, Massmechelen, Herentals, Keerbergen, Heuvelland et Londerzeel informent leurs concitoyens sur leur site Internet. Un exemple intéressant de ces sites Internet et celui de la ville de Gand où les citoyens sont encouragés à cesser l'usage des pesticides dans leurs jardins ;
  • La commune de Lens en Belgique a publié une annonce sur son site web concernant les démarches zéro pesticide. Elle explique au citoyen que l'apparition de mauvaises herbes n'était pas due à de la négligence de leur part, mais bien le résultat de la transition vers une nouvelle gestion de l'espace public ;
  • La commune d'Alken en Belgique conseille ses administrés sur la manière de préparer son jardin pour l'hiver sans utiliser de pesticides ;
  • Quelques municipalités au Danemark, comme celle d'Alleroed, invitent les citoyens à se joindre à la campagne zéro pesticide. Elles offrent aussi des cours sur le jardinage biologique et fournissent des labels aux jardins qui se passent des pesticides ;
  • La commune d'Hasselt en Belgique possède un jardin de démonstration dans le domaine de Kiewit.

La presse locale est aussi un bon moyen d'informer les résidents. Par exemple :

  • La commune de Watermael-Boitsfort a dédié une grande partie de sa newsletter d'avril 2015 à informer ses citoyens sur les changements à venir et aussi sur l'importance d'avoir des jardiniers locaux ;
  • La ville de Bruges a lancé un projet en 2010 afin de conscientiser les citoyens sur leur responsabilité de désherber les trottoirs. Ils ont pour cela distribué des prospectus contenant des instructions sur des méthodes de désherbage respectueuses de l'environnement. De plus, durant le mois de mars, des articles dans le journal local, distribué gratuitement, invitent les citoyens à se rappeler de désherber ;
  • Un maire en particulier a fait preuve d'inventivité; il a fait réaliser un documentaire sur la transition de sa ville d'Alençon sur la suppression progressive des pesticides : « Bye-bye pesticides ».

Des communes danoises et néerlandaises s'associent avec les compagnies des eaux pour conscientiser les citoyens aux dangers des pesticides. La vidéo de Rien Kippen en est un bon exemple.

Chapitre II - Méthodes préventives

Histoires & Principes #4
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Quelles sont les principales méthodes préventives à l'installation d'indésirables ?

Les pesticides les plus utilisés dans les espaces publics sont les herbicides. Afin d’atteindre le zéro pesticide, il est souhaitable de réfléchir, avant toute chose, à la nécessité de désherber. Peut-on laisser se développer la flore spontanée à certains endroits ? Pose-t-elle des problèmes importants d’esthétisme, de sécurité (sol glissant, entrave à la visibilité…) ou de santé publique (pollen hautement allergisant, plantes dermocaustiques…) ?

Photo ©

 

Avant d’envisager les techniques de lutte, il est fondamental de privilégier des méthodes préventives.  La conception, l’aménagement ou le réaménagement des espaces verts et des espaces publics seront très importants afin de réduire, au besoin, l’implantation de la végétation spontanée et rendre possible l’utilisation des méthodes de lutte alternatives.

 

Les principales méthodes utilisées pour éviter de devoir désherber sont les suivantes :

  • Le tassement des sols doit être évité;
  • Le choix d'une dimension appropriée pour le chemin. Il faut qu'il soit à la taille appropriée pour son utilisation ;
  • La forme des sentiers  doit être adaptée. Les angles droits sont à proscrire : les piétons, les cyclistes et les automobilistes n'avance pas en angle droit;
  • Le choix des revêtements et matériaux adaptés, qui limitent les possibilités de développement de la végétation pour les zones où cela est nécessaire (attention toutefois à l’imperméabilisation des sols et a ses effets sur les inondations); un soin particulier doit être apporté à tous les espaces de jonction où les adventices peuvent se loger (joints, limite trottoir-mur, trottoir-bordure, route-rigole, mobilier urbain, potelets et panneaux de signalisation, etc.) ainsi qu’aux travaux de voiries liés aux impétrants (eau, gaz, électricité, téléphone, domaines…);
  • L’engazonnement/enherbement permet d’éliminer ou de réduire les superficies à désherber, en favorisant la couverture végétale désirée sur des espaces tels que les chemins de parcs, les allées de cimetières et les parkings ;
  • L'utilisation de gravier de lave relativement coupant sur les sentiers : avec le piétinement des promeneurs, il empêche les herbes non désirées de pousser ;
  • La plantation dense et l'utilisation de paillage ou de plantes couvre-sol dans les parterres ornementaux (voir questions 5 et 6 pour plus de détails sur ces deux techniques);
  • L'installation de zones fleuries. Ces zones permettront de mettre en valeur certains espaces stratégiques (par exemple l'entrée dans la commune). Il est important de bien choisir les espèces qui seront installées en tenant compte des critères de rusticité, de valeur écologique (éviter les plantes invasives et favoriser les plantes mellifères) et de l'aspect esthétique. La participation des citoyens pour les pieds des arbres par exemple pourrait être un plus (voir question 6) ;
  • L'entretien différencié des pelouses/terrains de sport afin d'éviter de devoir appliquer des pesticides (voir question 13).
Histoires & Principes #5
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Quel type de paillage utiliser ?

Le paillage est une solution rapide, mais limitée dans le temps. Le mieux est d’investir dans une plantation plus dense ou dans des plantes couvre-sol.

Photo ©

Néanmoins, si un paillage doit être réalisé, avant de choisir un matériau adéquat, il est important de connaître :

  • L'état actuel du sol ;
  • L'origine du matériau de paillage ;
  • Le bilan écologique du paillage ;
  • L’impact du paillage sur la qualité/structure du sol après plusieurs années. Ne va-t-il pas finir par favoriser d'autres adventices ? ;
  • Le meilleur type de paillage pour l’endroit visé. Un paillage adapté pour un endroit ne le sera pour un autre, car les contraintes techniques et écologiques varient.
Histoires & Principes #6
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Quelles sont les meilleures plantes à utiliser comme couvre-sol ?

L'utilisation de plantes couvre-sol permet de limiter l'entretien des zones les plus difficiles d'accès comme les talus ou les zones situées au pied des arbres et arbustes. Elles permettent une meilleure infiltration des eaux de pluie et limitent l’érosion en stabilisant les terrains, et ne sont pas dénuées d’intérêt esthétique et paysager.

Photo ©

 

Avant de planter, il faut prendre le temps de bien les choisir en fonction du type de sol, de l'exposition, de la disponibilité en eau et de l'effet attendu, tant visuel que physique.

La plante couvre-sol doit se propager facilement sans pour autant être envahissante (il ne faut pas remplacer un besoin de désherbage par un autre). Les plantes exotiques invasives (Cotoneaster horizontalis) doivent absolument être évitées et remplacées par des alternatives indigènes, adaptées aux conditions locales et favorables à la biodiversité. Les plantes non indigènes (cultivars, variétés exotiques horticoles) pour autant qu’elles ne soient pas invasives et qu’elles présentent un intérêt pour la faune (fleurs, fruits, pollen, nectar, etc.) peuvent être utilisées avec parcimonie dans les espaces à vocation ornementale. Les surfaces importantes devraient de préférence être plantées d’espèces indigènes ou de prairies fleuries.

Histoires & Principes #7
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Les prairies fleuries : peut-on les implanter partout ? Comment planter des prairies fleuries qui soient acceptées par la population en général ?

La prairie fleurie est composée d'un mélange de plantes annuelles et vivaces pour assurer sa pérennité et sa floraison une bonne partie de l'année. La plupart du temps, elle est semée, mais elle peut également être spontanée. Elle est plus naturelle et représente moins de risques d'importer des plantes invasives ou des variétés ornementales de faible intérêt écologique. Elle nécessite moins d'entretien.

Photo © Josephat, Schaerbeek

 

La prairie est souvent implantée dans des zones de grandes superficies afin de gagner du temps dans l'entretien des espaces verts et espaces liés à la voirie, ou dans de petits espaces fastidieux à désherber comme le pied des arbres.

 

Afin de bien faire accepter les prairies fleuries, il est intéressant de tenir compte des éléments suivants :

  • Commencer à implanter à un ou deux endroits en communicant bien sur le pourquoi : biodiversité, pollinisateurs (abeilles, papillons), beauté du paysage champêtre... L’information peut être diffusée via des panneaux, affiches, dans le journal communal, via les jardiniers ou gardiens de parc (qui doivent être également sensibilisés et informés) ;
  • Choisir des plantes indigènes pour qu'elles aient un véritable impact sur l'évolution des pollinisateurs. Attention, certains mélanges commerciaux proposent des variétés horticoles d’espèces indigènes (comme le bleuet double barbeau) qui ont perdu de leur intérêt pour les pollinisateurs ;
  • Éviter dans un premier temps certains lieux à forte contrainte, comme les endroits où l'on marche régulièrement, les zones trop ombragées, trop sèches, à trop forte charge symbolique… Ces espaces pourront être investis dans un second temps, quand la population sera familiarisée avec cette esthétique, et quand le service des plantations maîtrisera plus adéquatement les techniques d’implantation et de gestion ;
  • Tondre les pourtours de la prairie fleurie afin que l'on sache que le site est entretenu et non laissé à l'abandon. Cet aspect est d’autant plus important dans le cas de prairies spontanées. Des panneaux informatifs peuvent y être implantés ;
  • Si une prairie est semée, choisir convenablement le mélange afin qu’elle soit jolie toute l'année. Certains mélanges contiennent des variétés horticoles qui prolongent la floraison jusqu’aux gelées (soucis, cosmos, etc.). Laisser de la végétation séchée et fanée pendant des semaines est rarement bien acceptée ;
  • Re-semer/sursemer régulièrement la prairie fleurie pour qu'elle conserve toutes ses qualités ;
  • Pratiquer la fauche, une ou deux fois par an, en veillant à exporter la végétation coupée (de manière à ne pas trop enrichir le sol).

Une prairie à fleurs sauvages dans le parc Josaphat à Schaerbeek (Belgique)

Au parc Josaphat de Schaerbeek, les prairies fleuries ont été dans un premier temps semées là où la tonte était compliquée, car trop pentu ou aux endroits clôturés autour des plans d'eau.  Bien que les prairies fleuries ont été plantées en respectant les principes naturels, le parc Josaphat à Schaerbeek a quand même été élu le parc préféré des  Bruxellois en 2014.

Cela n'est pas toujours simple, car Zied, le conservateur du parc, doit jongler entre le respect des normes propres à ce parc historique, l'obligation de gérer sans pesticides, les impératifs agronomiques et les plaintes de certains usagers. Pour ces dernières, Zied mise sur l'information tant au moyen des panneaux que d'échanges verbaux, en mettant l'accent sur l'aspect paysager du parc.  Chaque année, il revoit ses plans de gestion en tenant compte de l'évolution des mentalités, en ayant toujours en ligne de mire une empreinte écologique plus basse, mais aussi le bien-être de ses jardiniers.

On peut aussi opter pour une pelouse fleurie pour une zone qui nécessite un visuel plus entretenu. Elle résiste aux tontes régulières et en les espaçant suffisamment, elle permet de nourrir les pollinisateurs.

Histoires & Principes #8
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Quelles pratiques de gestion des espaces verts permettent de favoriser les abeilles et les pollinisateurs sauvages ?

Les abeilles, ainsi que tous les pollinisateurs en général, ont besoin d’un habitat approprié (bois en décomposition, tiges creuses, tas de terre, rocaille…), d’une source de nourriture suffisante (pollen et nectar provenant d’une grande variété de fleurs), ainsi que d’un environnement non contaminé.

Photo © Commune de Beersel

 

Le nombre et la diversité des pollinisateurs influencent fortement la biodiversité végétale et réciproquement, ce qui in fine contribue à développer la biodiversité dans son ensemble (autres insectes, oiseaux, amphibiens, mammifères…) Les pollinisateurs sont aussi fondamentaux dans la production alimentaire, puisqu’ils participent à la reproduction de la majorité des plantes cultivées (graines, fruits…)

 

Plusieurs éléments peuvent contribuer à accueillir et préserver les pollinisateurs :

  • Le fleurissement et la végétalisation, en général, et en favorisant les espèces indigènes : mise en place de prairies fleuries (question précédente), de haies vives ;
  • L'abandon de variétés horticoles « améliorées » complexes ou exotiques qui ne produisent pas ou plus de nectar ou de pollen ou dont la morphologie ne permet pas aux insectes de les atteindre ;
  • La diversification des plantes en termes de familles botaniques et d’espèces ; pour les papillons, veiller à offrir également les plantes-hôtes des chenilles (orties, lamiers, cardamines…)
  • L’étalement des floraisons pour garantir une pérennité des ressources alimentaires du tout début du printemps au début de l’hiver ;
  • La mise à disposition d’habitats appropriés : buttes de terre, tas de sable, tas de bois mort et fascines, galeries (bûches percées), fagots de tiges creuses… ;
  • La diminution des pollutions et des nuisances (par exemple pour les bourgades d’abeilles solitaires nichant entre les dalles de trottoirs) ;
  • Le cahier des charges du fournisseur de plantes ornementales exige clairement la non-utilisation de pesticides pour la culture des plantes ;
  • Une sélection minutieuse des semences non traitées aux fongicides.

Une visite sur le site bilingue français/néerlandais vivelesabeilles.be permettra d'approfondir le sujet. Cette page présente une excellente synthèse des actions à entreprendre, mais également des activités en cours à différents niveaux (communal, régional…)

 

Interview de Veerle Leroy, Échevine responsable des espaces verts sur la commune de Beersel

 

Quels sont à votre avis les avantages pour une ville ou une commune d’arrêter d’utiliser des pesticides dans les espaces publics ?

« Il y a plus d’abeilles parce qu’il y a plus de fleurs sauvages, et il y a moins d’herbe à couper : c’est notre slogan “plus d’abeilles – moins d’herbe à couper” et donc moins de déchets verts à composter également.

Nous avons élaboré un important plan pour les abeilles. Nous le présentons actuellement dans plusieurs endroits en Flandre. C’est un projet unique.

Nous avons mené une étude dans notre commune et nous avons découvert des espèces d’abeilles que des chercheurs sont venus examiner. Les résultats de cette étude nous aident à établir un plan de gestion adapté des espaces verts dans toute la commune. »

Exemples de plantations favorisant les abeilles dans la commune de Beersel © commune de Beersel

 

Comment avez-vous réussi à arrêter d’utiliser des pesticides et quel a été le principal incitant à ce changement ?

« La principale motivation a été la protection de l’environnement et des cycles de la vie – cycle de l’eau… Et également la santé publique.

Le principal obstacle a été de changer la mentalité des gens, qui sont très conservateurs. Nous avons dû les conscientiser. Une fois qu'ils sont informés, ils acceptent les changements plus facilement. Nous avons participé à un atelier à Saint-Nicolas avec les ouvriers de la commune, où ils ont déjà fait de gros progrès, ce qui a beaucoup aidé à les informer. Cela a aussi aidé dans la communication avec la population.

Pour convaincre les citoyens, une bonne campagne d’information est nécessaire !

La prochaine étape est de convaincre les citoyens de faire de même dans leurs jardins.

Nous progressons, étape par étape ! »

Histoires & Principes #9
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Où se procurer les graines et plantes nécessaires pour une couverture adéquate du sol et pour les autres usages dans les espaces verts de la commune ?

L’idéal est de les produire sur place, afin d’avoir toutes les garanties concernant la non-utilisation des pesticides durant tout le processus.

Photo © Courtesy of Commune de Beersel

Une production par les jardiniers communaux eux-mêmes présente les avantages suivants :

  • Une disponibilité de plantes adaptées et acclimatées, au départ de graines locales (autoproduites ou achetées chez des producteurs locaux de variétés locales) ;
  • Un respect de l’environnement dans la production des plantes et graines utilisées ensuite sur les espaces verts de la commune ;
  • Une implication des jardiniers de la commune : les jardiniers qui produisent eux-mêmes le matériel végétal qu’ils vont ensuite utiliser dans les plantations des espaces verts de la commune se sentent davantage intégrés au projet zéro pesticide, car ils savent d’où vient ce matériel, ayant œuvré à sa production.

Les serres de la ville de Namur, Belgique

« À Namur, 140 000 plants poussent dans les serres de nos espaces verts chaque année. Pour les annuelles, ces plants sont soit produits directement par les jardiniers des espaces verts par semis ou bouturage, soit achetés sous forme de petites plantules qui sont alors repiquées. Les vivaces quant à elles, sont choisies sous forme prête à planter.

Les jardiniers ont commencé à utiliser des méthodes alternatives de contrôle des maladies et des ravageurs dès 2001. La principale motivation a été la santé du personnel. Mais, comme il est difficile d’utiliser des auxiliaires de lutte (des insectes qui sont des parasites pour les insectes ravageurs), des produits plus naturels ont été choisis. Depuis deux ans, les jardiniers ont recourt à des purins de plantes : prêle, ortie, consoude, fougère. Cela permet de contrôler les ravageurs, mais aussi de renforcer la vigueur des plantes, qui sont alors plus à même de résister aux maladies et aux ravageurs. »

Source :Muriel Guyot, éco-conseillère de la ville de Namur

La pépinière Ecoflora de Halle, Belgique

« Ecoflora est une pépinière particulière qui ne produit que pour les équipes de gestion des parcs et des jardins respectueux de l'environnement.

Notre gamme de produits compte 500 espèces de plantes indigènes, la plupart vivaces, et près de 120 plantes aromatiques et variétés de légumes anciens. Nous offrons également une rangée de bulbes biologiques à naturaliser, la plupart sont des espèces indigènes.

Bien que les plantes sauvages soient notre passion et notre spécialité, nous offrons également un certain nombre de plantes non indigènes, qui sont des ajouts utiles aux espaces verts écologiques. Nous essayons autant que faire se peut d'utiliser des plants produits localement.

Vous pouvez compter sur notre expertise si vous désirez créer une prairie fleurie. Nous avons dix-neuf ans d'expérience dans ce domaine. Nos mélanges uniques, composés uniquement de variétés indigène et sauvage, sans graminées, peuvent s'adapter à des situations différentes et dans des lieux différents.

Ecoflora travaille avec les départements nature de nombreuses communes de Belgique. »

Source :Olivier Gengoux, Ecoflora

La pépinière « La pousse qui pousse » à Saint-Gilles, Bruxelles, Belgique

« Nous pensons que le fait de produire localement les plantes destinées aux espaces verts joue un rôle important pour plusieurs raisons :

La formation : pour former les jardiniers à la culture biologique, un petit espace de production locale est suffisant. Choisir les plantes, les semer et ensuite le planter permet de mettre en pratique sur le terrain des informations reçues pendant la formation ;
La motivation : le fait de partir de la graine jusqu'à la plantation permet de créer un lien plus fort, surtout si le processus est accompli dans son intégralité par les jardiniers ;
L'écologie : les plantes produites sont souvent indigènes, adaptées aux conditions de plantation, plus robustes et sans recours à des produits chimiques. La production locale en circuit court a un fort impact positif du point de vue de l'environnement parce qu'on élimine l’étape du transport des plantes. »

Source :Filippo Dattola, La pousse que pousse

Chapitre III - Techniques alternatives de désherbage et de gestion des espaces

Histoires & Principes #10
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Doit-on désherber partout de la même façon ?

Après avoir effectué un inventaire de toutes les zones à traiter et avoir analysé la situation, il paraîtra évident que certaines zones n'ont pas besoin d'être désherbées, à condition d’être aménagées en conséquence.

Photo ©

 

  • Un chemin en dolomie peut être remplacé par un chemin enherbé qui sera tondu ;
  • Certains endroits moins fréquentés peuvent être laissés enherbés, et ne seront tondus ou fauchés qu'une ou deux fois par an.

D’autres espaces, plus prestigieux, pourront alors concentrer le temps et la main-d’œuvre économisées ailleurs (comme les cours de l’hôtel de ville, monuments et places commémoratives…)

Si cela paraît évident aux yeux des gestionnaires des espaces verts, ce n'est pas pour autant que ce sera directement bien perçu par la population. Là, une bonne communication doit prendre le relais (voir section sur la communication).

 

Le piéton, le pied qui tond

Au lieu de se battre contre le piéton et de l'obliger à passer à certains endroits, les gestionnaires du parc Josaphat ont décidé de profiter du haut pouvoir de tonte du piéton. Les avantages ? Plus d'énergie perdue à canaliser les piétons. Et là où ces derniers passent, plus besoin de tondeuse ni de pesticides. Comme le dit Filip de la cellule pédagogie du parc de Schaerbeek, « Nous ne sommes pas là pour couper, mais pour ouvrir la voie… »

Histoires & Principes #11
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Quelles sont les dernières tendances pour le désherbage non chimique ?

Différents types de désherbages peuvent être envisagés suivant le type de surface et la superficie à désherber, ainsi que la facilité d’accès. Les principales méthodes sont le désherbage mécanique (balayeuse, tondeuse, au jet d’eau ou au karcher) et thermique (à flamme directe, à air chaud, à infrarouge, à eau chaude, à vapeur ou à mousse chaude). Il est très tendance actuellement de retourner à la binette et d’avoir recours à une formation pointue des jardiniers afin qu’ils soient capables de diagnostiquer rapidement une espèce indésirable. Le coût d'investissement est faible et les résultats de plus en plus probants.

The golf of Samsø (Denmark) – Photo © Thomas Friis Pihlkjær, chefgreenkeeper Samsø Golfklub 

 

Des recherches sont en cours pour évaluer les méthodes les plus efficaces et mettre au point de nouvelles méthodes. Celles-ci sont discutées et présentées aux utilisateurs lors de workshops.

Le projet de recherches STERF, en collaboration avec les parcs et le secteur du golf, les universités, les instituts de recherche et les autorités des pays nordiques indique sur son site internet sa volonté « de prendre nos responsabilités afin que la recherche et le développement, qui sont cruciaux dans la lutte antiparasitaire intégrée (LAI), soient coordonnés et instaurés. Nous souhaitons également donner accès à ces innovations à tout un chacun. » C'est comme cela que trente ans de résultats de recherches sur les gazons d'agrément dans les pays nordiques ont permis la publication récente d'un guide sur le gazon.

Il se concentre sur les espèces recommandées pour les pentes couvertes d'herbages, les gazons, les terrains de football et les parcours de golf.

Histoires & Principes #12
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Comment gérer les espèces invasives ?

Les plantes invasives sont des plantes qui prolifèrent en dehors de leur zone de répartition naturelle, à tel point qu’elles nuisent à notre flore locale.

Photo © R Tanner, CABI 

Points essentiels :

  • Il faut éviter de nouvelles introductions et privilégier les plantes indigènes ;
    Il est nécessaire de vérifier la provenance des terres et éviter de déplacer de la terre infestée ;
    Il est impératif d'apprendre à reconnaître les plantes invasives afin de gérer le problème à la racine ;
    Il est bon d'effectuer des relevés pour limiter la propagation.

Il existe deux grandes stratégies pour lutter contre les plantes invasives : la prévention et la gestion. La prévention consiste à éviter de nouvelles introductions dans l'environnement. La gestion, elle, vise à limiter l’expansion des populations, voire même à les éliminer totalement. Il est toujours plus facile et moins coûteux d'agir préventivement.

 

Éliminer la berce du Caucase – expérience menée à Lyngby-Taarbaek et Copenhague, Danemark.

En 2004, la ville de Copenhague a décidé d'arrêter de combattre la berce du Caucase au moyen d'herbicides. À cela, elle a préféré choisir la coupe nette des racines.

En 2010, l'ONG danoise Ecological Council, un membre de PAN Europe, a conçu une campagne mettant en avant l'urgence de prévenir l'apparition et lutter contre la propagation des espèces de plantes invasives. En effet, « plus une plante invasive se propage dans la nature, plus les dommages qu'elle cause sont importants. Par conséquent, plus on tarde à s'occuper du problème, plus le coût de son éradication ou de sa gestion augmente. » L'ampleur des efforts de gestion qui sera transmis aux générations futures dépend largement du moment où nous commencerons nos efforts. L'expérience démontre que la prévention coûte moins chère que la lutte. De même, plus tôt le problème est pris à bras le corps, moins il en coûtera à la société.

L'expérience de la commune de Lyngby-Taarbaek montre que la berce du Caucase peut être éradiquée grâce à des efforts probants. On peut donc espérer que dans le futur, il n'y aura plus besoin de contrôles.

Dans la commune de Lyngb- Tarbaek, la berce du Caucase a été totalement éliminée grâce à un groupe de volontaires travaillant en étroite collaboration avec l'ONG danoise Ecological Council !

La ville de Copenhague a engagé l'ONG danoise Ecological Council afin d'éradiquer la berce du Caucase. Hans Nielsen, le chef de projet raconte : « La berce du Caucase n'a toujours pas été éradiquée de la ville de Copenhague, mais nous y sommes presque. À l'origine, le plan n'incluait pas toutes les zones de la ville, c'est pourquoi la coupe nette des racines n'a été mise en place qu'il y a quelques années. Mais les progrès sont visibles : l'espèce diminue chaque année, et d'ici 3 ou 5 ans, on devrait en être arrivée à bout. »

Garder la berce du Caucase sous contrôle – l'expérience de la commune de Ballerup, Danemark

La commune de Ballerup a adopté un plan d'action qui s'étend de 2010 à 2016 et qui a pour but de combattre la berce du Caucase en utilisant des techniques de contrôle manuel et mécaniques telles que la coupe nette des racines, la coupe d'ombelle, la couverture plastique, les flammes directes ou le pâturage.

Des groupes de volontaires se sont joints à la municipalité pour combattre les occurrences de berce du Caucase sur les terres des communes de l'entité. À l'heure actuelle, il existe cinq groupes de 2 à 7 personnes chacun. La municipalité met à disposition des outils (bêches, gants) et organise des réunions dont celles en début et en fin de saison afin de discuter de plans d'actions, de nouvelles méthodes de contrôle et des problèmes rencontrés durant la saison. Elle offre également un lunch ou un dîner quand les portes ouvertes sont organisées. 

Éliminer la renouée du Japon dans la réserver naturelle du Scheutbos, Belgique

Des bénévoles ont arraché manuellement les repousses des renouées du Japon deux fois par semaine de mars à octobre. Au bout de deux ans, la renouée a presque disparu dans les stations traitées, laissant place à la végétation indigène (ronces, prêles, benoîtes, épilobes, lierre, chêne…)

Source : http://www.scheutbos.be/91PlanGestion.htm

  • À Washington, des chèvres sont utilisées pour pâturer. En effet, la renouée du Japon a été introduite à l'origine comme espèce fourragère ;
  • Instaurer un système de parrainage de parcelles de terrain infestées par une plante invasive ;
  • Quelques idées sur comment recenser une espèce invasive, ainsi que contrôler sa propagation ; 

De nombreuses communes danoises utilisent la cellule interdépartementale (Danish Road Directorate), qui parcourt déjà le pays pour s'occuper de l'état des routes, afin de recenser les espèces invasives.

 

Observations.be ou Waarnemingen.be créés par les ONG Natagora (FR) et Natuurpunt (NL)

Un site Internet est un outil précieux grâce auquel les citoyens peuvent encoder leurs observations (insectes, oiseaux, mammifères, plantes…) Un système d'alerte des plantes invasives a été mise en place : les gestionnaires publics peuvent souscrire au système et recevoir automatiquement une alerte précoce lorsqu'une espèce surveillée est observée dans leur région.

Histoires & Principes #13
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Quelles sont les meilleures techniques écologiques pour gérer les plantes indésirables dans les cimetières ?

La gestion des cimetières est un sujet délicat, car elle touche à des lieux symboliques et hautement affectifs. Les herbes indésirables sont souvent d'abord perçues comme un abandon du lieu par le gestionnaire, voire même comme une profanation. Mais durant la transition, les mentalités évoluent et l’introduction et l’acceptation du monde végétal de manière structurée, harmonieuse et diversifiée permettent de changer ce regard. Une bonne communication est naturellement primordiale pendant le processus (voir question 17) afin d'arriver à une gestion des cimetières équivalente à celles des réserves naturelles. La gestion écologique des cimetières permet de renforcer la présence de la nature en ville. C'est un élément important du maillage vert urbain.

Assistens kirkegaarden Copenhagen (Denmark), Photo © Wikipedia

 

L'impulsion de la Belgique vers une gestion des cimetières respectueuse de l'environnement a atteint un tel stade que quelques espèces menacées ont fait leur réapparition, d'autant que de plus en plus de cimetières sont désormais gérés comme des réserves naturelles.

 

Points essentiels permettant de réaménager un cimetière dans le but de minimiser la gestion des indésirables :

  • Minimiser les surfaces minéralisées et l’imperméabilisation du sol pour faciliter l’entretien ;
  • Choisir des matériaux et des équipements qui permettent l’intégration du cimetière dans son environnement : matériaux d’origine locale, non traités chimiquement ;
  • Enherber les allées ;
  • Installer des plantes couvre-sol dans les espaces difficiles d’accès (entre les tombes, aux pieds des murs, sur les espaces en forte pente…) ;
  • Réparer les joints entre les revêtements afin de limiter la pousse d’herbes non désirées (joints des caniveaux, des entre-tombes par exemple).

Le cimetière de Namur

Toute négligence est remarquée davantage dans les cimetières, qui sont des lieux générant une grande émotion chez la population. Et la meilleure façon de les gérer est de les éviter en informant la population bien à l’avance sur les intentions de changement. Le passage à des cimetières végétalisés doit être annoncé par de grands panneaux explicatifs bien visibles. L’entretien des cimetières végétalisés doit également être très soigné – tonte régulière des espaces enherbés par exemple. Trois cimetières ont obtenu le label cimetière-nature de la Région wallonne.

Les cimetières d'Uccle

Uccle a été la première commune bruxelloise à avoir mis en œuvre des plans de gestion écologique pour les cimetières du Dieweg (en 2011) et de Verrewinkel (en 2009). Ces espaces de respectivement 3,24 et 10,44 hectares constituent des éléments centraux dans le maillage vert du sud de Bruxelles. Une importante diversité d’espèces animales et végétales, dont certaines très rares, y a trouvé refuge d’où l’intérêt de les préserver par une gestion durable et réfléchie. Dans le cadre de l’Agenda 21, de nombreuses actions ont ainsi été réalisées : aucune utilisation de pesticide ou d’herbicide sur le site, arrachage régulier de la renouée du Japon, formation du personnel d’entretien à la gestion écologique, système de rotation pour l’entretien des parcelles, fauchage tardif et soutenu, plantation de « plantes couvres-sol », création de puits d’infiltration pour la gestion de l’eau de pluie et ainsi de suite.

http://www.uccle.be/actualites/les-cimetieres-de-verrewinkel-et-du-diewe...

Le cimetière d'Assistens, quartier de Nørrebro, Copenhague

Au début des années 1800, aller pique-niquer ou prendre le thé au cimetière était une pratique courante et populaire pour les résidents de Copenhague. Dans son récit d'une visite de Copenhague en 1827, le poète suédois Karl August Nicander se rappelle avec délice le cimetière d'Assistens : « Afin de profiter encore d'une douce et belle célébration, je sortis un soir par la Nørre Port (porte du Nord) et je me rendis au cimetière d'Assistens. Il s'agit d'un des plus beaux lieux de recueillement d'Europe. Les arbres feuillus, les allées ombragées, les magnifiques parterres fleuris, les sanctuaires protégés du soleil par des peupliers, les tombes de marbres surplombés par les saules pleureurs, les urnes et croix enveloppées de roses, de parfums et de chants d'oiseaux, tout cela donnait à cet endroit de mort l'aspect d'un bout de paradis. »

Aujourd'hui, le cimetière a conservé sa fonction d'autrefois, mais il est aussi une attraction touristique. De plus, il est l'espace vert le plus grand et le plus important du quartier de Nørrebro.

https://en.wikipedia.org/wiki/Assistens_Cemetery_%28Copenhagen%29

Histoires & Principes #14
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Quelles sont les meilleures techniques écologiques pour gérer les plantes indésirables entre les dalles/pavés ?

Photo © Flanders Environment Agency (VMM)

Deux situations peuvent être distinguées :

Les dalles/pavé rejointoyées

Les blocs, pavés ou dalles avec joint-ciment sont parfois utilisés pour les allées ou les assises du mobilier urbain (bancs, panneaux, poubelles…).  Lorsque les joints sont endommagés, les plantes indésirables peuvent y pousser. La meilleure solution est alors de réparer les joints.

 

Les dalles/pavé non rejointoyées (pavés drainants, dalles enherbées)

Ils peuvent être mise en place pour marquer certains accès ou pour des zones de parking. Le passage de la tondeuse suffit en général à les entretenir dans les espaces suffisamment larges. Dans les zones plus difficiles d’accès, différentes méthodes de désherbage peuvent être utilisées, telles que les balayeuses ou le désherbage thermique.

Histoires & Principes #15
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Quelles sont les meilleures techniques écologiques pour entretenir les terrains de sport ?

Les terrains de sport sont légion et il serait dommage que ces lieux de plaisir deviennent des lieux de maladie en raison de l'usage des pesticides. À plus forte raison que ces terrains sont souvent fréquentés par des groupes vulnérables tels que les enfants.

Photo © Flanders Environment Agency (VMM)

 

Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir dans la gestion des terrains de sport. Une première étape serait de demander aux utilisateurs eux-mêmes quelles sont leurs attentes afin d'établir une base de travail.

Pour les terrains inertes (terrain de pétanque, de tennis, pistes d'athlétisme...), leur utilisation suffit souvent à leur entretien. Parfois, il est nécessaire de désherber les surfaces imperméabilisées avec du matériel thermique, des jets à haute pression ou des balayeuses.

Les terrains de sport engazonnés sont les plus problématiques. Il y a constamment une contradiction entre la logique sportive et la logique agronomique et horticole. Trouver une solution pour les services techniques est un véritable défi.

 

Voici quelques pistes :

  • Demander aux utilisateurs quels sont leurs besoins comme base de réflexion ;
  • Choisir des variétés de graminées adaptées au sol et au climat ;
  • Choisir des variétés de graminées ayant un bon pouvoir couvrant ;
  • Ne pas tondre trop court  ;
  • Aérer le terrain : piqueter, scarifier;
  • Veiller à une bonne gestion hydrique du terrain ;
  • Envisager un sursemis régulier ;
  • Regarnir très rapidement avec un gazon adapté ;
  • Former les entraîneurs afin qu'ils évitent les pratiques dommageables.

Comment des sociétés privées contribuent-elles également à un avenir zéro pesticide ?  Le cas du Naxhelet Golf Club

« Au Naxhelet Golf Club, nous nous efforçons de nous passer des pesticides. Les greens n'ont plus été traités aux pesticides depuis près de deux ans maintenant. C'est un défi de taille, car le gazon est l'élément principal d'un parcours de golf. Tous les problèmes de maladies doivent être régulés naturellement. Le seul pesticide que nous utilisons encore à certains endroits bien précis est un herbicide spécifique qui s'attaque principalement au chardon. En effet, le parcours est neuf et nous cherchons à enrayer sa progression. Notre objectif est d'en être venu à bout d'ici deux ans. »

Frédéric Cahay, agronome et green keeper en chef, Naxhelet Golf Club, Wanze, Belgique

Comment la nature est-elle utilisée dans la gestion de certains terrains de sport ?

En collaboration, La Danish Golf Union (DGU), la Danish Greenkeepers Association, la Danish Environmental Protection Agency, la Danish Society for Nature Conservation, le Danish outdoor Council et le Danish Ways of Sports ont créé en 2014 un prix environnemental. Ce prix est une contribution concrète aux objectifs danois de rendre les parcours de golf du pays zéro pesticide. 

En 2015, le prix danois de l'environnement pour un parcours de golf a été attribué au Samsø Golf Club.

L'attribution du prix est plutôt évidente. En effet, « sur l'île de Samsø, les clubs de golf locaux ont remplacé les pesticides par des algues, du fumier de poules et par des moutons qui s'occupent de la “tonte”.

De plus, le système d'irrigation traditionnel utilisé dans la majorité des parcours de golf a été remplacé à Samsø par un dispositif de pompage alimenté par énergie solaire.

Nous laissons la nature faire son travail, elle est une alliée et non une ennemie. Nous ne pouvons plus continuer à façonner la nature à notre volonté. Nous préférons que la nature vienne nous donner un coup de main. »

Thomas Friis Pihlkjær,  chefgreenkeeper Samsø Golfklub 

Histoires & Principes #16
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En vue d'une gestion sans pesticide : la pelouse synthétique est-elle une solution ?

La question est loin d'être tranchée et mérite d'être analysée :

  • Le prix à la création est beaucoup plus élevé pour le gazon synthétique, mais le coût d'entretien est plus faible. Surtout lorsque le terrain est utilisé de manière intensive ;
  • L'utilisation d'un gazon synthétique peut être beaucoup plus intensive que celle d'un gazon naturel ; il est donc nécessaire de bien connaître le taux d'occupation pour le volet financier ;
  • L'usage des terrains synthétiques est moins dépendant de la météo ;
  • Le gazon naturel joue un rôle dans la biodiversité, il capte le CO2 et produit de l'oxygène ;
  • Contrairement à une idée reçue, le gazon synthétique demande un entretien régulier et l'utilisation des produits chimiques (biocides antimousse) pour assurer sa pérennité ;
  • Le bilan écologique complet du gazon synthétique par rapport au naturel fait encore l'objet de controverse notamment au niveau de la fin de vie du gazon artificiel ;
  • Les sensations sportives sont différentes suivant le type de terrain. (Les terrains artificiels peuvent causer des problèmes aux articulations à la suite d'une utilisation prolongée.)

De l'avis de plusieurs experts, l'idéal est la complémentarité. Un terrain synthétique pour les entraînements et un terrain en gazon naturel pour le plaisir et la qualité du jeu. Mais attention les deux types de terrains s’entretiennent de manière complètement différente.

Chapitre IV - Communication et sensibilisation

« Nous avons tous le droit de vivre dans un environnement sain, libéré de tout pesticide. Nous sommes tous également responsables de la santé et de la beauté des paysages qui nous entourent. Par exemple, chaque jour nous choisissons ce que nous mangeons. Ensemble nous pouvons choisir comment notre nourriture est produite et si nous désirons qu'elle soit traitée avec des pesticides.

En tant que citoyen nous pouvons agir individuellement et collectivement pour nous assurer que l'environnement dans lequel nous vivons est sain et agréable. Les communautés urbaines et les jardins familiaux sont les exemples les plus parlants de ces espaces reconvertis en espaces de convivialité.

Il est fondamental que les municipalités ouvrent un dialogue avec leurs administrés, afin de trouver des solutions en partenariat pour des communes zéro pesticide, où la biodiversité et la convivialité sont des objectifs à atteindre pour le bien-être de toute la communauté. C'est à ce moment-là que nous aurons des villes dynamiques et florissantes. »

Carlo Petrini, Président de Slow Food, association internationale de terrain sans but lucratif active dans plus 160 pays.

Histoires & Principes #17
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Comment communiquer sur le changement vers le zéro pesticide ?

Le public -les citoyens- doit être informé dès le début des intentions de changement vers le zéro pesticide et de la manière dont ce changement va se concrétiser. Ne pas le faire peut conduire à des réactions de rejet qui risquent de compromettre les plans de la commune d’arrêter l’utilisation de pesticides dans les espaces publics. D’autre part, les habitants de la commune doivent également être informés de leurs obligations concernant l’entretien des espaces publics dont ils sont responsables, notamment les trottoirs.

Park in Olat (Spain), a green meeting point. Photo © Eddy Zijlstra

Quelques points essentiels pour une communication efficace :

  • Établir un plan de communication spécifique pour chaque lieu (cimetière, bords de routes, parcs…) pour expliquer la démarche et les changements à venir ; s’y prendre suffisamment longtemps à l'avance ;
  • Informer sur les enjeux de la démarche : environnement, qualité de vie ;
  • Bien distinguer les publics cibles et adapter ses messages ;
  • Être créatif et varier les supports : panneaux, affiches, toutes-boîtes, newsletters, stand sur le marché communal… ;
  • Impliquer tous les acteurs de la commune, jusqu’au personnel ouvrier de terrain ;
  • Désigner une personne de contact, un éco-conseiller, pour toutes les questions ou les plaintes ;
  • Montrer que cela fonctionne sur le terrain en mettant en place des actions pilotes qui peuvent être visitées lors de sessions de sensibilisation ;
  • Les erreurs à ne pas commettre : Communiquer à posteriori, de manière réactive, quand tout est fait… généralement à la suite de plaintes du public.

Tant la Wallonie que la Flandre proposent des campagnes de sensibilisation.

Le programme Acceptaflore en France examine les différentes perceptions des citoyens sur la flore spontanée en ville. Les résultats aident les gestionnaires à mettre en place une politique de réduction des pesticides plus adaptée. Acceptaflore a même publié des recommandations; ces documents contiennent de nombreuses fiches-outil sur la communication avec la population. 

 

Les ONG jouent un rôle primordial dans le mouvement zéro pesticide

L'ONG flamande Velt possède une variété de services pour les citoyens. De plus, son site internet est une vraie mine d'or contenant de nombreux conseils de jardinage zéro pesticide. Elle répond également à toutes les questions que les citoyens peuvent se poser concernant la gestion respectueuse de l'environnement des terres. Velt a récemment lancé une campagne afin d'interdire la vente de pesticides aux particuliers.

Une telle approche est primordiale dans l'avancée vers un monde sans pesticide.

Le label « Réseau Nature »

logo

Natagora a développé un guide de bonnes pratiques sur les alternatives aux pesticides.

Natagora utilise également son label « Réseau Nature ». Il peut être attribué à des espaces publics qui respectent une charte en cinq points incontournables, dont celui de ne pas utiliser de pesticides chimiques. Les espaces qui respectent cette charte reçoivent le label ; ils peuvent ainsi le mettre en avant et l'utiliser comme moyen de communication et de sensibilisation auprès des passants.

Un cycle de conférences sur les espaces publics zéro pesticide a été organisé à Bruxelles par l'ONG Apis Bruoc Sella, avec le soutien de Bruxelles Environnement. Ces conférences, destinées aux 19 communes de Bruxelles, avaient entre autres pour thème la communication.

Les ONG peuvent aussi prêter main-forte afin d'illustrer les étapes nécessaires à la réussite d'un projet d'écologisation.

Histoires & Principes #18
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Comment faire participer les citoyens ?

Les citoyens ne doivent pas seulement être informés, ils ont aussi un rôle à jouer, non seulement pour la sensibilisation au zéro pesticide, en n'en parlant autour d’eux, mais aussi parce qu’ils sont responsables de l’entretien des trottoirs.

Volunteers managing invasive alien species (Denmark), Photo © Commune of Furesø

Impliquer les citoyens dans la végétalisation de la ville

Il s'agit d'une bonne assurance de faire accepter les herbes spontanées. . En permettant aux citoyens de verduriser le pied des murs, le pied des arbres, les espaces non végétalisés, on permet une meilleure appropriation des nouveaux concepts et la délégation d'une partie du travail.

  • Quand les communes encouragent les citoyens à verduriser les pieds d'arbres dans les rues ;
  • Le projet « arbre voisin » permet aux riverains de s'occuper d'une parcelle de terre au pied d'un arbre pour y planter ce qu'ils y désirent. Les personnes ne possédant pas de jardin peuvent ainsi gérer leur petit coin de terre. Cela permet de créer un lien plus fort avec une ville plus verte et sans pesticides ;
  • Quand une ville encourage ces citoyens à « verdir nos murs ».
Histoires & Principes #19
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Comment les autorités publiques doivent-elles réagir face aux plaintes des citoyens ?

La gestion des plaintes peut être utilisée pour impliquer les citoyens, en les informant des enjeux et en leur donnant un rôle actif. La désignation d’une personne de contact unique au sein de l’institution, formée et impliquée dans le projet, permet souvent de désamorcer les problèmes.

Team of gardeners in Watermael Boitfort (Belgium), Photo © Commune of Watermael Boitfort

Les employés communaux doivent être impliqués dans le projet

Pour les plaintes verbales durant le travail des ouvriers communaux, il est nécessaire de former ces derniers en les impliquant dans le projet. Les agents communaux deviennent ainsi de véritables ambassadeurs de la politique zéro pesticide de la commune.

Les plaintes provenant des citoyens sont parfois révélatrices de problèmes de terrain ignorés du personnel communal ; des mesures peuvent alors être prises pour y remédier. Néanmoins, la plupart des plaintes viennent de la méconnaissance du projet dans son ensemble ; une bonne communication en amont est donc indispensable, mais pas suffisante.

Les plaintes ne doivent pas rester lettre morte. Il doit être répondu à chacune et, si cela s’avère nécessaire, les plaintes doivent être analysées pour permettre d'affiner le travail des gestionnaires des espaces verts. Il ne faut cependant pas qu’elles paralysent la transition vers le zéro pesticide.

Gardez à l’esprit que toute pratique, quelle qu’elle soit, attirera des plaintes : ce sont toujours les quelques mécontents qui crient le plus fort. Il serait dommage d’entraver une dynamique d’amélioration du cadre de vie de tous pour une poignée de personnes. Comment rallier les jardiniers responsables des espaces verts à l’objectif de ne plus utiliser de pesticides ? Quelle est l'utilité de les former ?

Histoires & Principes #20
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Comment dynamiser le zéro pesticide au sein des services qui gèrent les espaces verts ?

Les espaces verts sont gérés par un grand nombre de services différents qui varient de commune en commune : environnement, travaux publics, espaces verts, voiries, état civil… Une réorganisation des services, des réunions régulières et un ajustement des tâches sont parfois nécessaires pour assurer une meilleure coordination.

Apple orchard Parc Solvay (Belgium), Photo © Brussels Envionment (IBGE)

 

La majorité des communes belges veillent déjà à ce que les différents organes de gestions communiquent entre elles, se rencontrent régulièrement et travaillent ensemble vers un objectif commun.

Histoires & Principes #21
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Comment rallier les jardiniers responsables des espaces verts à l’objectif de ne plus utiliser de pesticides ? Quelle est l'utilité de les former ?

Tant les décideurs que les jardiniers eux-mêmes doivent comprendre que leur rôle a changé, évolué. Les jardiniers sont amenés à acquérir de nouvelles compétences techniques en adéquation avec leur rôle d’entretien de l’espace public sans l'usage des pesticides.

Photo © Commune de Beersel

 

Il est nécessaire d'expliquer et d'expliciter que le non-usage des pesticides n'est pas un retour en arrière et que l'acquisition de nouvelles techniques est une opportunité d'évolution. Certains jardiniers, spécialisés dans le fleurissement, voient parfois leur savoir-faire dévalorisé. Cette base de connaissances peut se muer par exemple vers un approfondissement de la botanique qui permettra de reconnaître rapidement les plantes à problèmes et les plantes utiles et d'agir rapidement à la racine. C'est l'opportunité pour le jardinier d'apprendre de nouvelles techniques, comme le fauchage. Si certains se plaindront de l'abandon des pulvérisateurs, d'autres seront heureux de pouvoir travailler tranquillement sans masque et équipement de protection.

Le jardinier doit être plus qu'un exécutant et doit être intégré totalement, dès le départ, à tous les processus de transformation vers une commune sans pesticide. Sa compétence du terrain sera valorisée et intégrée dans les nouveaux projets. Il est également important d'impliquer les jardiniers en organisant des sessions de formation, des visites de communes zéro pesticide environnantes, d'échanger avec les autres jardiniers et ainsi de suite.

Venez jeter un coup d'œil sur la carte de PAN Europe, elle regroupe les communes qui pourraient bien vous inspirer à faire de même. Contactez-nous si vous avez des questions, ajoutez lien vers la carte.

Chapitre V - Le coût financier

Intégrer des collaborations inattendues et des aides techniques dans la démarche zéro pesticide

« La FREDON Alsace, un syndicat professionnel agricole, est l’acteur référent pour la sensibilisation des communes alsaciennes et leur accompagnement dans la démarche “zéro pesticide”.  En effet, dès le démarrage de la transition vers le zéro phyto, les agriculteurs de la région Alsace ont soutenu les villes et villages qui s'engageaient dans cette démarche. Le principal souci des agriculteurs était et est toujours de réduire l'utilisation des pesticides au niveau global. Ils ont mis leur savoir-faire, acquis par la pratique d'une culture raisonnée n'utilisant les pesticides qu'en dernier recours, au service des municipalités. Grâce à cette collaboration entre les agriculteurs et les villes et villages vers l'abandon des pesticides, des emplois ont été créés avec le soutien de l'agence de l'eau et de la région Alsace. Les agriculteurs ont été et sont toujours un élément moteur de cette démarche, parce qu'ils y croient.»

Philippe Rothgerber, producteur alsacien de pommes biologiques, jus de fruits et membre du conseil d’administration de FREDON Alsace

Histoires & Principes #22
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Est-il plus coûteux à l'entretien de ne plus utiliser de pesticides ?

Quand on approche la question du coût financier des alternatives aux pesticides, il est bon de garder à l'esprit :

L'utilisation des pesticides a-t-elle aussi un coût ?

  • Une étude américaine estime l'impact sur l'environnement, la perte de biodiversité et les dommages sociétaux à 12 milliards de dollars ; (David Pimentel, 2009, Des coûts environnementaux et économiques de l'usage des pesticides aux États-Unis);
  • Des études en Angleterre et en Allemagne ont estimé, avec prudence, le coût externe annuel des pesticides à 257 millions de dollars pour les premiers et de 166 millions de dollars pour les seconds. Ce coût est estimé par les indemnités accordées aux personnes souffrant de maladies liées aux pesticides, à l'environnement et aux citoyens (Pretty & Waibel, 2005, La Facture : le coût caché des pesticides, La désintoxication, Earthscan, Londres);
  • Une étude française estime le coût global du traitement de l'eau polluée par l'azote et les pesticides à 1,5 milliard d'euros.

Ainsi, deux études menées auprès des communes flamandes et allemandes ont cherché à évaluer les potentiels coûts supplémentaires liés à une gestion zéro pesticide

Ces enquêtes, limitées aux changements à court terme, ont évalué les coûts des investissements initiaux d'une nouvelle gestion comme l'acquisition de nouvelles connaissances grâce aux formations ou encore l'achat de nouveaux matériaux.

L'enquête allemande réalisée par l'ONG Bund en 2015 conclut que l'usage des pesticides revient moins cher que les techniques alternatives. En effet, ces dernières requièrent de plus grandes équipes de travailleurs et une augmentation des coûts d'investissement pour les matériaux, entre autres choses. Ainsi :

  • La commune de Bielefel a fait l'acquisition d'un dispositif à eau chaude de la marque Wave et à calculer son rendement à 0,07 €/m2 ;
  • La commune de Recklinghausen a, quant à elle, calculé le coût de ce même dispositif à 0,11 €-0,13 €/m2 ;
  • La commune de Münster a fait l'achat en 2012 d'un tambour à air chaud Eco Flamme, un appareil qui peut être remorqué par tracteur. L'investissement initial de 25 000 € a vite été compensé quand le prix au m2 s'est révélé inférieur à toutes les autres méthodes conventionnelles ;
  • La commune de Göttingen a entamé des mesures drastiques de conversion afin de réduire ses coûts. L'accent a été mis sur un aspect ordonné et une grande diversité environnementale, ce qui a permis de réduire les coûts grâce à des plantations appropriées.

En 2011, l'enquête flamande réalisée par l'intercommunale pour l'agence au développement de la région de Kempen, Flandre, Belgique (IOK) s'attachait à comprendre si les gestions zéro pesticide étaient plus chronophages. Les communes ne sont pas parvenues à un consensus :

  • Pour l'entretien des surfaces imperméables, la réponse pouvait ainsi varier de 0 % à 500 % de travail supplémentaire ;
  • Pour les espaces verts, la charge de travail pouvait varier de 25 % de moins, à 0 % de changement, en passant par 100 % de travail en plus.

La période de transition vers une commune zéro pesticide requiert plus qu'un changement de gestion et de méthodes de plantations; ainsi avec le temps, certains investissements auront un bien meilleur rendement

La question de comment et quand s'organiser est très importante. Parvenir à un équilibre des coûts va dépendre du moment où la commune commence sa nouvelle gestion. En effet, on sait que la gestion des espèces de plantes invasives coûte nettement moins cher si le problème est pris à temps.

Pour terminer, il est intéressant de noter que les communes pionnières ont bien souvent pris le temps de chercher et de tester de nouvelles technologies. En donnant accès à leurs expériences, le coût des techniques alternatives pourrait diminuer, et par la même l'impact financier de la gestion zéro pesticide.

Selon nous, vous devriez voir le coût potentiel temporaire comme un investissement pour le futur ; envisager d'autres vivaces, d'autres méthodes... Engagez-vous sur cette voie étape par étape, notre planète en a besoin.

PAN Europe s'engage à donner accès à l'information sur les nouvelles technologies et à redécouvrir les anciennes méthodes pour parvenir à une gestion zéro pesticide. Nous avons, dès lors, développé un site web européen pour attirer l'attention des communes pionnières dans toute l'Europe (lien) et d'en tirer des leçons.

Histoires & Principes #23
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Conclusion

Les pesticides sont considérés comme l'option la plus économique sur le court terme alors que sur le long terme les conséquences sur l'environnement et sur la santé sont ignorées. Pour un avenir durable, il ne suffit pas que les communes remplacent leurs pesticides par des méthodes alternatives (biologique ou mécanique). Ce qu'il est nécessaire de faire, c'est de totalement repenser notre rapport à l'environnement, afin que les changements soient acceptés (les cimetières fleuris, les dalles avec des fleurs sauvages…)

L'exemple présenté par les autorités est un outil majeur pour parvenir à ce que tout un chacun, du simple citoyen à l'agriculteur, prenne conscience de l'urgence de gérer notre planète d'une manière plus responsable.

 

Pour plus d'informations :

Bonnes pratiques #3

http://www.eupen.be/Leben/Umwelt/Null-Pestizide.aspx
http://www.mce-info.org/Pdf/expo_communessanspesticides.pdf
http://www.strasbourg.eu/environnement-qualite-de-vie/nature-en-ville/ze...
https://stad.gent/natuur-milieu/nieuws-evenementen/pesticiden-het-gezond...
https://stad.gent/natuur-milieu/u-houdt-van-gent/creëer-meer-groen/stoep-én-tuin-zonder-pesticiden
http://www.lens.be/news/zero-pesticides-en-wallonie
http://watermaal-bosvoorde.be/nl/Bestanden/1170/avril2015.pdf
Trailer: https://youtu.be/Veu7Dikqr4g or www.byebyepesticides.flowers 
http://vandigrunden.dk/om-kampagnen/
http://www.alken.be/product/1843/maak-uw-tuin-winterklaar-zonder-pesticiden
http://www.dgga.dk/Venstre_side/Have/Havekursus.html
http://www.hasselt.be/nl/content/8317/ambertuin.html

 

Bonnes pratiques #4

Turf laying: http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-Enherbement.pdf
Flower meadows: http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-FleurissementDiff.pdf
Lawns/sports grounds: http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-TerrainsSport.pdf
Guide to pesticide free design: https://www.vmm.be/publicaties/pesticidenvrij-ontwerpen

 

Bonnes pratiques #5

http://www.zonderisgezonder.be/bestrijdingsgids/ongewenste-planten/tusse...
http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-Paillage.pdf
http://www.terre-horizon.fr/uploads/media/Fichespaillages.pdf

 

Bonnes pratiques #6

List of ground-cover plants: http://www.cthgx.be/couvre-sols
http://www.alterias.be
http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-Plantes_couvre-sols...
http://ecowal.be/fleurissements-urbains-champetres/plantes-couvre-sols

 

Bonnes pratiques #7

http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-PrairiesFleuries.pdf and http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-FleurissementDiff.pdf
http://ecowal.be/main/files/pdf/prairies-fleuries-11645-fr.pdf
http://www.apisbruocsella.be/fr/prairiesfleuriesurbaines
http://beweegt.velt.be/plantenzoeker
http://www.velt.nu/vraag-antwoord/siertuinvragen/hoe-leg-je-een-bloemenw...
http://www.lne.be/themas/natuur-en-milieueducatie/nmerond/vergroening/ei...
http://www.velt.be/vraag-antwoord/siertuinvragen/bloemenweide-bloemenakk...
Suppliers of wildflower seed mixes (p.26): https://data.inbo.be/purews/files/2230508/INBO.A.2012.80.pdf

 

Bonnes pratiques #8

http://www.weekvandebij.be/

 

Stories & principals #9

http://www.morgensterzaden.nl/
http://www.ecosem.be/nl/activities.php
http://www.cruydthoeck.nl/
https://www.debolderik.net/
http://www.medigran.nl/
http://www.deheliant.nl/page.php?textid=1
http://www.dekeltenhof.nl/main.php

 

Bonnes pratiques #11

http://www.wageningenur.nl/nl/Onderzoek-Resultaten/Projecten/DOB-verhard...
http://www.brrc.be/nl/artikel/a8412
http://sterf.golf.se
http://www.edenn.fr/wp-content/uploads/2015/02/EA-0phyto-Fiche_Entretien...
http://forskning.ku.dk/find-en-forsker/?pure=files%2F146659300%2FPestici...

 

Bonnes pratiques #12

http://beyondpesticides.org/dailynewsblog/2013/08/goats-replace-herbicid...
Examples from France: http://www.anvl.fr/phyto-eco/ and http://conservatoire-botanique-fc.org/doc-cbnfc-ori/flore-franche-comte-...

 

Bonnes pratiques #13

http://biodiversite.wallonie.be/fr/cimetieres-nature.html?IDC=5930
http://www.natureparif.fr/attachments/forumdesacteurs/guide_cimetiere/Gu...
http://zeropesticide.brussels/fr/cimetieres
http://www.natuurenbos.be/natuurbegraafplaatsen

 

Bonnes pratiques #14

http://www.gestiondifferenciee.be/files/Fiches/Fiche-Desherbage.pdf
http://www.zonderisgezonder.be/bestrijdingsgids/ongewenste-planten/op-op...

 

Bonnes pratiques #17

http://www.gestiondifferenciee.be/professionnel/campagne-0-pesticide/416/2
Zonder is gezonder: http://www.zonderisgezonder.be/campagnemateriaal
http://www.ecophytozna-pro.fr/data/recommandation_outils_com_ind.pdf
http://www.velt.behttp://velt.nu/vraag-antwoord/overzicht-siertuinvragen
http://www.natagora.be/reseaunature/index.php?id=2288
or www.natureaujardin.be
http://www.mce-info.org/upload/File/methodo_vegetalisons.pdf
or http://sauvagesdemarue.mnhn.fr/sauvages-de-ma-rue/presentation)
www.zeropesticide.brussels

 

Bonnes pratiques #18

http://www.schaerbeek.be/vivre-schaerbeek/logement-urbanisme-environneme...
http://ecohuis.antwerpen.be/Ecohuis/Ecohuis-Hoofdnavigatie/Bewoners/Nieu...
http://www.lille.fr/cms/accueil/cadre-vie/parcs-jardins-promenades-lille...

 

Bonnes pratiques #22

http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ED52-2.pdf